Quelques faits sur un monde qui sourit aux riches et tant de raisons de bouger encore
Par Jean-François Tamellini, Secrétaire général de la FGTB wallonne
Où l'on nous apprend qu'en 2020, le monde a compté un milliardaire supplémentaire toutes les 17h, selon Forbes.660 milliardaires de plus en 2020! Dont 3 en Belgique.
En 2020, malgré la pandémie, les riches n'ont jamais été aussi riches, nous indique la Libre.
Pendant ce temps là, en lien direct avec l'info précédente, l'Echo nous informe que le Stoxx 600 (600 principaux indices boursiers européens) a totalement effacé ses pertes liées à la pandémie. La bourse se porte bien. Au niveau belge, le Bel20 n'est pas en reste puisqu'il a lui aussi retrouvé son niveau d'il y a un an. Permettant d'octroyer des dividendes en hausse de 19% aux actionnaires (hors InBev).
À noter, parmi les entreprises qui continuent à vider les caisses, IKEA Belgique, qui a distribué en 2020, tout comme en 2019, 100% de son bénéfice à ses actionnaires. Soit près de 50 millions € chaque année.
Pour info, le big boss d'Ikea Belgique est repris dans les 3 milliardaires cités dans le classement Forbes évoqué plus haut...
L'Echo nous informe également de la montée en puissance d'un nouvel outil spéculatif appelé SPAC, mais plus connu sous le nom de Société de chèque en blanc. Un truc financier qui permet aux rentiers (ceux qui touchent les dividendes cités plus haut) d'espérer faire encore plus de profits. En créant au passage de nouvelles bulles spéculatives, puisque l'Echo nous apprend que dans bien des cas, pour toucher leur commission de 20%, les initiateurs de ces SPAC investissent dans tout et n'importe quoi parce qu'ils perdent leur commission s'ils n'investissent pas dans les 2 ans...
Si on observe la situation des (grandes) entreprises en Belgique, malgré les nouvelles accusations de mensonge de la FEB vis-à-vis de la FGTB (une fois de plus), cela ne semble pas aller si mal que ça. Sur les 70.000 entreprises qui ont déposé leurs comptes à ce jour, elles ont réalisé en 2020 un chiffre d'affaires équivalent à 2019 et distribué à nouveau des dividendes supérieurs aux bénéfices réalisés. Ce qui signifie en clair que ces entreprises continuent à vider les caisses pour les distribuer aux actionnaires.
Petite précision qui a son importance: le lien entre les aides publiques octroyées aux entreprises et les dividendes octroyés aux actionnaires est évident. Taxer les travailleur.euses et les allocataires sociaux pour arroser les actionnaires...
Pour les travailleur.euses pension effet, les perspectives sont moins roses... la Libre nous apprend que malgré les accusations de mensonges, la FGTB avait bien raison en affirmant que beaucoup de travailleur.euses qui ont été en chômage temporaire vont devoir repayer plus d'impôts. Après avoir vu leurs revenus diminuer à 70% de leur salaire brut. La double peine!
Et pour rappel, alors que cela fait plus de 6 mois que l'enveloppe de 700 millions permettant d'augmenter les allocations sociales aurait dû être appliquée, elle est toujours bloquée à cause du patronat. La FEB et l'UCM continuent à prendre les pensionné.es (notamment) en otages!
À l'heure où se discute l'accord interprofessionnel, l'enjeu est celui-ci: est-ce à nouveau aux travailleur.euses, aux allocataires sociaux, à la Sécurité sociale et aux services publics à faire les efforts? Ou va-t-on enfin un peu se tourner vers les actionnaires?
Notre grève du 29 mars visait clairement à mettre la pression sur les grosses fédérations patronales, afin de rééquilibrer les efforts entre travailleur.euses et actionnaires et renforcer la solidarité entre secteurs qui ont performé et secteurs en difficultés.
Nous saurons dans les prochains jours si nos actions auront fait bouger les lignes.
Si les patrons du G10 restent sourds, il faudra remettre à nouveau la pression. Et le gouvernement fédéral n'y échappera pas s'il continue à faire pencher la balance du côté des actionnaires!