De fil en aiguille, le bouc émissaire est socialement construit
Analyse N°20/2025 - De fil en aiguille, le bouc émissaire est socialement construit
Auteur : Mossoux François , Promotion & Culture ASBL
Il était, pour la 60.000ème fois, l'histoire d'une énième femme accusée de sorcellerie, Michée Chaudron, qui fut la dernière sorcière condamnée à mort en 1652 à Genève. Ne vous attardez pas sur la formule du début, c'est juste qu'il y a eu plus de 60.000 sorcières mises à mort en Europe du 13ème au 18ème, je me voyais mal démarrer par « il était une fois », vous comprenez ? Bref, Michée Chaudron fut accusée par un groupe d'une dizaine de femmes d'avoir empoisonné deux jeunes filles, à l'aube de leur adolescence, en leur offrant un plat suspect. À cette époque, il ne faisait pas bon d'être une femme, encore moins si vous étiez seule et/ou dotée de connaissances herboristes, botanistes et médicinales. Lavandière de profession et célibataire, socialement bien insérée dans le quartier de Genève où elle habite, elle est connue pour sa « soupe blanche », à savoir une préparation faite de gros sel, de farine, de fèves et de pain, soit des éléments peu chers et très nutritifs dans les sociétés d'Ancien Régime. On la disait également capable de toucher les « corps fiévreux » et, par voie de conséquence, d'intercéder contre les maux qui affligent les vivant·e·s.
Malgré tout désireuse d'arrêter de pratiquer sa « médecine naturelle », un groupe de femmes l'accuse de sorcellerie et Michée est arrêtée dans le courant du mois de février 1652. Elle est incarcérée pendant 28 jours par les inquisiteurs catholiques et sera condamnée à mort le 6 avril 1652.
Son histoire, c'est aussi celle de toutes les femmes accusées de sorcellerie qui l'ont précédée. Mais son récit, c'est également celui vécu par une pléthore d'autres personnes qu'on appellerait volontiers des « boucs émissaires » aujourd'hui. De quoi parle-t-on ?
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